Franchir la porte
Le temps d’approche réciproque
Entrer en franc-maçonnerie ne fonctionne pas comme l’adhésion à une association. On ne “remplit pas un dossier”, on ne “s’inscrit pas pour l’année”. Il n’y a pas de porte qui s’ouvre immédiatement parce qu’on la pousse. Par contre “frappez et l’on vous ouvrira”. L’entrée se fait par un temps d’approche réciproque. Réciproque veut dire : vous nous approchez, mais nous vous approchons aussi. Nous avons besoin de comprendre qui vient frapper. Et celui ou celle qui frappe a besoin, également, de mesurer ce qu’on lui demande : un engagement qui n’est pas de surface.
Ce temps d’approche n’est pas un interrogatoire. Ce n’est pas non plus une campagne de séduction. C’est un moment où l’on vérifie simplement si cette voie est la vôtre. Nous ne cherchons pas à convaincre quelqu’un à tout prix d’entrer. Nous cherchons des personnes pour qui cette pratique aura du sens. Il faut accepter que ce temps d’approche existe. Il peut être plus ou moins long, mais il fait partie de la dignité de notre Ordre et de son histoire.
Nos exigences humaines et morales
Ce que nous demandons d’emblée est simple à formuler et exigeant à tenir.
- Nous attendons une sincérité de démarche.
- Nous attendons une capacité à respecter la dignité de chacun. Cela inclut la capacité à ne pas humilier, à ne pas se placer au-dessus des autres par posture intellectuelle, sociale, spirituelle ou professionnelle.
- Les démarches extrémistes, idéologiques ou complotistes n’ont pas leur place en maçonnerie. Nous n’accueillons pas quelqu’un qui cherche un espace pour imposer une croisade personnelle.
- Nous attendons enfin que la liberté de conscience soit reconnue comme non négociable. Chacun, Sœur ou Frère, reste maître de sa pensée et de sa parole.
La franc-maçonnerie telle que nous la pratiquons
Se confronter à soi-même avec honnêteté, dans la durée, ce qui suppose une responsabilité personnelle. Nous refusons toute tentative d’emprise psychologique, spirituelle ou matérielle d’une personne sur une autre. Ainsi que les dérives autoritaires, même déguisées en idéal élevé. Notre obédience ne sert pas de couverture à des entreprises personnelles de pouvoir. Ce que nous cherchons à préserver, c’est la possibilité, pour chacun, de faire un travail réel sur soi dans un espace où personne ne l’utilise ni ne le manipule.
Pour ancrer définitivement ces prérequis et qu’il n’y ait aucune ambiguïté, voici la déclaration sur l’honneur que nous demandons à toutes et à tous pour nous rejoindre. Elle dit clairement nos valeurs et notre philosophie :
Déclaration sur l’honneur
Je déclare sur l’honneur pratiquer la plus grande tolérance envers toute confession religieuse, tout idéal politique à l’exception des extrêmes.
Je m’engage sur l’honneur:
- à ne pas appartenir à aucun parti, formation ou groupement quelconque professant une idéologie totalitaire, qu’elle soit d’extrême droite ou d’extrême gauche, ni à aucune secte pouvant limiter ma liberté.
- à ne relever d’aucune confession religieuse à caractère fanatique ou intolérant.
Je déclare adhérer sans réserve à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1948, et faire profession de pratiquer et défendre les libertés démocratiques fondamentales que sont:
- la liberté de pensée et de conscience
- la liberté d’expression
- la liberté d’association
Je m’engage enfin :
- à considérer tous les êtres humains comme mes Frères et mes Soeurs sans distinction de couleur, de sexe, de condition sociale, d’opinion philosophique ou religieuse.
- à mettre en pratique l’innocuité de pensée, de parole et d’action le plus possible envers mes Frères et mes Soeurs et tous les Hommes mais aussi faire preuve de justice, patience et bonté.
Discrétion et premier contact
Ce travail se fait dans un cadre discret. Discret ne veut pas dire clandestin. Discret veut dire protégé. Ce qui est confié dans notre espace de travail n’est pas exposé immédiatement dans le monde profane, parce que ce n’est pas de cet ordre-là. Il ne s’agit pas d’un secret pour impressionner. Il s’agit de la protection d’un lieu humain. Certaines choses n’ont de sens que vécues là où elles se vivent. Nous ne décrivons pas publiquement ce qui se passe à l’intérieur de nos travaux. Nous ne transformons pas une démarche initiatique en spectacle.
Si ce que nous décrivons ici résonne pour vous — la recherche d’un travail intérieur exigeant, une démarche qui ne se joue pas sur la scène publique, la volonté d’entrer dans un cadre qui demande un respect absolu de la dignité humaine — alors il existe une première étape très simple : vous nous écrivez. Vous exprimez votre motivation et votre désir d’approcher notre travail. À partir de là, un premier échange peut avoir lieu, dans la discrétion et le respect.