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chapeau FM La Franc maçonnerie

La franc-maçonnerie

tailleur au moyen age La Franc maçonnerie

La franc-maçonnerie s’inscrit dans une longue histoire. Un des plus anciens textes dont nous disposons sur l’Ordre maçonnique est le manuscrit Regius, daté de 1390 environ. Autrement dit, nous parlons d’une tradition documentée depuis plus de 630 ans. Cela signifie que l’Ordre maçonnique, sous une forme reconnaissable, existe depuis plus d’un demi-millénaire et sous une forme structurée et organisée, telle que nous la connaissons aujourd’hui, depuis le XVIIIᵉ siècle.

On ne franchit donc pas cette porte comme on s’inscrit dans un club de loisirs. Il s’agit d’un Ordre séculaire. On s’approche d’une continuité humaine, d’un langage, d’une façon de se tenir au monde qui a traversé les siècles, s’est transformée et s’est transmise. Il existe de nombreux ouvrages et textes sur la franc-maçonnerie. Nous n’allons pas ici détailler à nouveau son histoire ni ses intentions, la documentation sur le sujet est déjà foisonnante.

Reste une question simple, pour aujourd’hui : que recouvre exactement le mot «franc-maçonnerie» au XXIᵉ siècle ?
Pour y répondre il faut d’abord accepter une idée très simple :

Il n’existe pas une seule franc-maçonnerie.

Le mot “franc-maçonnerie” ne décrit pas une institution unique, monobloc, avec une seule manière de travailler, une seule intention, ni même un seul chef. Il décrit un ensemble de traditions, parfois très différentes les unes des autres, parfois même opposées dans leur façon d’appréhender ce qu’est le rôle de la franc-maçonnerie.

Pour se représenter cette diversité et comprendre comment un même mot peut recouvrir des réalités différentes, deux comparaisons simples peuvent aider.

  • Pour la première, prenons une religion. Dans la chrétienté par exemple, on trouve des catholiques, des orthodoxes, des protestants, des coptes, etc. Ils n’ont pas les mêmes pratiques, pas les mêmes formes, pas toujours la même manière de vivre le culte. Ils ne sont pas d’accord sur ce qu’est « être » chrétien. Pourtant, tous se décrivent comme chrétiens.
  • Deuxième comparaison, regardons un. système de société comme la République. Dans une République moderne, des personnes de gauche, du centre, de droite, des libéraux, des sociaux-démocrates, des conservateurs, ont des visions parfois totalement incompatibles sur la manière d’organiser la société. Ils ne seraient jamais d’accord sur tout. Pourtant, tous prétendent servir l’intérêt général et se disent “républicains”, simplement pas de la même façon.
macon La Franc maçonnerie

La franc-maçonnerie fonctionne de la même manière : un seul mot, plusieurs manières de le vivre. Il n’existe aucun lien financier, contractuel, hiérarchique ou de dépendance entre deux obédiences maçonniques. Comme il n’existe aucun lien entre deux partis politiques ou deux doctrines confessionnelles.

Qu’est-ce qu’une obédience ?

Lorsque plusieurs loges maçonniques partagent une même “manière” de travailler, la même intention, elles peuvent se regrouper dans une obédience, une sorte de maison commune. Une obédience regroupe plusieurs Loges qui ont la même vision de la franc-maçonnerie. C’est le même parallèle que vous pourriez faire avec des associations qui se regroupent dans une fédération. C’est d’ailleurs exactement ce qu’est une Loge d’un point de vue légal : c’est une association Loi 1901, dont les statuts sont déposés en préfecture et qui est connue des services publics.

Qu’est-ce qui différencie ces différentes obédiences, ces différentes maçonneries ?

Pour simplifier, on peut distinguer aujourd’hui deux grandes manières de pratiquer la franc-maçonnerie.

  • D’un côté, vous avez une franc-maçonnerie tournée vers la société. Dans plusieurs obédiences, la priorité est de réfléchir aux grands sujets du monde profane : société, justice, organisation de la cité. Ce sont des questions dites “sociétales”. Les réunions servent avant tout à débattre de ces thèmes, à produire des analyses, parfois à formuler des positions publiques. Dans cette approche, la franc-maçonnerie est vécue comme un lieu de réflexion civique. Cette franc-maçonnerie cherche à être un laboratoire d’idées et à influer sur la vie en société. Le langage symbolique ancien est encore là, mais il est vécu comme une vieille relique passéiste. Il passe souvent après l’objectif principal : penser le monde et chercher à l’améliorer.
  • D’un autre côté, vous avez une franc-maçonnerie initiatique traditionnelle, dont le centre de gravité est ailleurs. L’objectif premier n’est pas de commenter la société extérieure, mais de travailler sur soi-même. Cette approche considère la franc-maçonnerie comme une voie initiatique : c’est-à-dire un chemin personnel de transformation intérieure, soutenu par un Rite et un cadre considéré comme sacré. Ici, les usages symboliques ne sont pas vus comme du folklore ni comme un décor historique : ce sont des outils vivants du travail. C’est une approche qui est intimement convaincue qu’avant d’améliorer la vie dans la cité, il faut d’abord travailler sur soi. Que la véritable paix sur terre, ne sera possible que lorsque chaque être humain aura d’abord trouvé la paix dans son propre cœur. La GLUMM appartient à cette famille initiatique traditionnelle.
le matre doeuvreV2 La Franc maçonnerie

Ces deux familles se réclament toutes les deux de la franc-maçonnerie. Elles utilisent le même mot. Pour le grand public, elles peuvent même sembler identiques. En réalité, elles n’ont pas le même but.

Comment peux t-on encore parler d’un « ordre » maçonnique s’il y a de telles divergences ?

Et bien parce que même si les pratiques et les priorités changent beaucoup d’une famille maçonnique à l’autre, il reste un socle commun. Il subsiste encore des idées fortes que l’on retrouve, sous une forme ou sous une autre, dans toute structure maçonnique sérieuse :

  • Tailler sa pierre
pierrebrute e1541494465693 La Franc maçonnerie

L’image est ancienne, mais elle reste centrale : chacun arrive avec sa part brute, dure, mal dégrossie. Le travail maçonnique consiste à “tailler sa pierre”, c’est-à-dire à se corriger soi-même. Il s’agit de se transformer soi. Cette idée traverse largement la tradition maçonnique, quelle que soit l’obédience.

  • Un corpus de valeurs

On retrouve, sous différents mots, une même exigence morale de fond : recherche de la fraternité, souci de la dignité humaine, refus de la bassesse, honnêteté dans sa manière d’agir. Même quand les obédiences n’ont pas du tout la même méthode ni la même priorité, elles continuent de se présenter comme des lieux où l’on essaie d’élever le niveau humain, pas de l’abaisser.

  • Un langage symbolique

Historiquement, la franc-maçonnerie travaille avec des symboles : la pierre brute dont nous avons parlé plus haut en est un. L’équerre et le compas dont vous avez entendu parler en sont d’autres. Dans certaines obédiences, ce langage symbolique reste vécu comme un outil opérant, c’est-à-dire un instrument de transformation intérieure. Dans d’autres, il est devenu plus discret, presque patrimonial, comme une mémoire commune. Mais il n’a pas complètement disparu. C’est l’un des derniers terrains sur lesquels des maçons très différents peuvent encore se reconnaître mutuellement comme maçons.