
La Grande Loge Unie de Memphis-Misraïm
Nous pratiquons une maçonnerie initiatique et traditionaliste.
Concrètement, cela veut dire que :
- Nous travaillons un Rite, le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, qui soutient un chemin personnel, progressif, soutenu dans le temps.
- Nous considérons que la forme compte, que ce n’est pas du théâtre. C’est une façon de marquer que, dans cet espace-là, à ce moment-là, on se tient devant quelque chose de plus grand que soi.
- Nous assumons une dimension spirituelle : il demande à chacun de reconnaître l’existence d’un principe qui dépasse l’être humain, quel que soit le nom qu’on lui donne. Autrement dit, l’être humain n’est pas considéré comme la seule mesure absolue du réel.
Nos Loges sont composées de Sœurs et de Frères qui sont dans une démarche initiatique. Nous cherchons à maintenir vivant cette façon de travailler en maçonnerie. Ce positionnement est assumé, c’est dans cette intention que nous travaillons, avec exigence.
Notre manière de travailler repose sur un principe simple : créer un espace qui permette un travail sur soi qui soit honnête, exigeant et durable. On y vient pour se confronter à soi-même, sérieusement. C’est une démarche qui ne se traite pas comme un loisir spirituel occasionnel. Il ne s’agit pas de venir “faire un essai” pour voir si cela nous convient pendant deux soirées, puis de repartir avec une impression exotique. Il s’agit d’entrer dans un chemin qui demande de la régularité, de la constance et de la patience.
Mais en quoi consiste exactement ce fameux “travail” ?
Ce qui se passe concrètement à l’intérieur de nos travaux reste à l’intérieur de nos travaux. Non par goût du secret pour le secret, mais parce qu’il s’agit d’une expérience qui a du sens uniquement vécue. Ce vécu appartient à celles et ceux qui franchissent réellement la porte. Cependant sur la « nature » de notre travail, la page sur notre Rite apportera quelques éléments de réponse.

La mixité comme acte fondateur
La mixité fait partie de notre histoire vivante, et elle est constitutive de notre identité actuelle.
Dans notre Rite, la mixité n’est pas une concession faite au monde moderne. Elle exprime la manière dont nous comprenons le travail intérieur proposé par Memphis-Misraïm. La Tradition que nous recevons parle souvent, sous des formes différentes, d’une rencontre entre deux principes : celui qu’on associe au Roi rouge et celui qu’on associe à la Reine blanche. Leur union ne décrit pas un homme et une femme, mais une dynamique intérieure : la rencontre des deux luminaires, de l’élan et de la mesure, de la rigueur et de la miséricorde.
Ces images appartiennent au langage traditionnel. Elles ne concernent pas les identités sociales ni les débats d’aujourd’hui ; elles disent quelque chose du chemin qui mène chacun vers plus d’unité en lui-même. À partir de cette lecture, la présence conjointe de Sœurs et de Frères dans nos travaux n’est pas un enjeu d’organisation, mais un choix initiatique. D’autres obédiences qui pratiquent Memphis-Misraïm travaillent avec cohérence en voie masculine ou en voie féminine : ces approches ont leur légitimité propre et expriment une autre sensibilité au Rite, en produisant par ailleurs des travaux remarquables.
La nôtre est différente. Nous travaillons en mixité parce que cette manière de travailler rend visible la quête d’équilibre et de complémentarité que le Rite invite chacun et chacune à poursuivre intérieurement. Dans notre compréhension, Memphis-Misraïm tend naturellement vers la mixité.

Lorsque la mixité a été déployée dans le cadre du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm en 1996, il ne s’agissait pas d’une déclaration d’intention abstraite, mais d’un acte initiatique assumé. À partir de ce moment, les travaux du Rite en voie mixte pouvaient être menés en présence de Sœurs et de Frères ensemble, sans que cela soit une tolérance ponctuelle, mais bien une donnée fondatrice.
Cette décision a été mise en œuvre et organisée par des responsables du Rite qui, pour beaucoup, sont aujourd’hui membres de la Grande Loge Unie de Memphis-Misraïm. Ces Frères et Sœurs sont les actrices et les acteurs directs de la mise en place de la mixité et de son inscription durable dans la vie du Rite.
Le premier acte fondateur de la mixité à Memphis-Misraïm fut la création de la Respectable Loge Khepri, à l’Orient d’Aix-en-Provence : la première loge du Rite en France à avoir été créée directement comme loge mixte. Elle n’est pas un symbole éteint : elle existe toujours aujourd’hui dans notre obédience. La mixité est la voie par laquelle nous recevons et transmettons le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Elle est la forme visible par laquelle la GLUMM a choisi d’assumer le Rite dans le monde moderne, sans le réduire, sans l’appauvrir, sans en faire un produit.

Nos colonnes sont ouvertes aux inter-visites
Nous nous reconnaissons pleinement dans l’esprit des Constitutions d’Anderson, qui rappellent qu’un Franc-Maçon doit avant tout être libre et de bonnes mœurs, et que la Maçonnerie vise à devenir un centre d’union où peuvent se rencontrer fraternellement des personnes qui, autrement, seraient restées étrangères l’une à l’autre. Nous nous reconnaissons aussi dans l’idéal porté par la Déclaration des droits de l’homme, pour laquelle la libre communication des pensées et des opinions fait partie des droits fondamentaux de la personne. Dans le même esprit, nous faisons nôtre la formule du Frère Paul Goumain-Cornille, de la Grande Loge de France en 1880 : « un Maçon libre dans une Loge libre ».
Nous considérons les différentes structures maçonniques sur un pied d’égalité et reconnaissons comme légitime leur manière propre de travailler. La diversité des Rites, des traditions et des sensibilités nous apparaît comme une richesse à partager. Nous ne conditionnons pas les inter-visites à des accords administratifs entre obédiences : pour nous, la vie maçonnique se nourrit d’abord de l’échange plutôt que de restrictions formelles ou d’interdits.
En conséquence, nous recevons volontiers en visite les Sœurs et les Frères d’autres obédiences, quels que soient leur Rite ou leur affiliation, dès lors qu’ils savent se faire reconnaître selon nos formes accoutumées et qu’ils respectent le cadre de nos travaux. Nous restons attachés à une franc-maçonnerie ouverte, qui privilégie la rencontre, le partage du travail initiatique et la reconnaissance mutuelle de nos différentes voies.

Ce que nous ne faisons pas
Nous ne sommes pas une structure tournée vers la prise de position publique. Nous ne produisons pas des textes sur l’actualité ou pour peser dans le débat profane. Nous ne cherchons ni à recruter massivement ni à nous présenter comme un réseau d’intérêts. Nous ne promettons aucun avantage profane, aucune protection, aucune porte dérobée vers le pouvoir.
Nous refusons également d’être le relais d’un militantisme politique ou idéologique. Ce qui se travaille à la GLUMM n’a pas pour objet de produire des mots d’ordre à envoyer dans le monde. Il s’agit d’une rectification intérieure, pas d’une conquête extérieure.
